Ma démarche

Durant les années passées à la tête d’un atelier de céramique à Genève, j’ai longuement réfléchi à l’optimisation de ma pratique avec le souhait de réduire ma consommation de ressources et de limiter mon impact sur l’environnement.

Ces questionnements m’ont conduite à repenser mon travail sous l’angle de l’innovation durable.

Début 2023, j’ai suivi une formation auprès d’une artiste spécialisée dans la biocéramique, un matériau fait de déchets verts et entièrement biodégradable.

Cette formation m’a permis de concrétiser mon envie de créer des objets durables et grâce à elle, j’ai acquis une recette de base ainsi que des informations techniques précieuses inhérentes à ce matériau naturel.

Cependant j’ai rapidement remarqué que cette recette ne répondait pas à tous mes critères : je souhaitais notamment pouvoir travailler selon les techniques ancestrales de céramique auxquelles je suis très attachée pour leur potentiel créatif.

Avec ces critères en tête et en partant de la recette de base composée essentiellement de coquilles d’œuf broyées et d’algues, j’ai entamé mon propre travail de recherche. J’ai étudié d’autres recettes, réalisé de nombreux tests et modifié la formule de base afin d’identifier les ingrédients de ma recette idéale. J’ai depuis supprimé l’algue et ajouté du marc de café pour obtenir un rendu visuel plus proche de la terre.

Durant cette phase de recherche qui a duré toute l’année 2024, j’ai été accompagnée par On’l’fait, un fab lab basé à Genève dans le cadre de leur programme d’accélérateur artisanal. Ce programme m’a permis de confronter mon idée à des professionnels afin d’en démontrer le potentiel et de me former à l’utilisation de machines telle que l’imprimante 3D.

A la fin du programme, j’ai abouti à une recette qui m’a semblé idéale : elle pouvait être façonnée de plusieurs façons et m’a permis de créer mes premiers objets de décoration. Quant à l’impression 3D, bien qu’elle s’inscrive pleinement dans une démarche d’innovation et qu’elle m’ait énormément fascinée, j’ai trouvé son utilisation trop éloignée de mon approche artisanale. J’ai donc naturellement décidé de ne pas poursuivre dans cette direction et de me recentrer sur le geste.

C’est ainsi que j’ai réalisé deux premières séries d’objets en 2025 :

• Des vases à l’esthétique proche du Wabi-sabi célébrant le brut, l’imprévisible et l’organique
• Des vases en biocéramique tissée qui par le mélange de techniques et de textures invitent à réfléchir notre rapport au temps et aux matériaux.

Cependant après la réalisation de ces 2 séries et de nombreuses heures passées à manipuler et analyser mon matériau avec satisfaction, j’ai décidé de me relancer dans une nouvelle phase de recherche afin d’ajuster cette fois non pas les ingrédients mais leur proportion. Ma recette actuelle me semble en effet trop élastique ce qui empêche de la travailler correctement au tour de potier et modifie les formes réalisées lors du façonnage aux colombins ou pinçage car la terre se rétracte fortement et se tasse.

Pour cette seconde phase, je prévois de créer une forme simple à reproduire chaque semaine en modifiant légèrement ma recette afin d’obtenir un matériau plus polyvalent et malléable.

La forme devra être facile à réaliser et utiliser à la fois les techniques du pinçage et de colombins afin d’observer la réaction de la matière à différents gestes dans une seule création.

Je prévois de débuter cette nouvelle phase de recherche en janvier 2026.

Je publierai un article sur mon avancement en début d’année, ainsi que sur les résultats de mes recherches au printemps 2026.